Chroniques

A Monster Calls
Auprès de mon arbre


Par Hubert Charrier 8/07/2017

De cette poignée de compositeurs espagnols sévissant à l’international, Fernando Velasquez est certainement l'un des plus remarquables. Ces derniers mois, outre les solides Hercules et Pride and Prejudice and zombies, c'est l'excellent Crimson Peak qui aura retenu l’attention des béophiles, servant à merveille la vision sombre et romantique de Guillermo del Toro. A Monster Calls, dernier film du complice Jose Antonio Bayona, offre une nouvelle occasion de composer pour un univers tourmenté, où se confronte avec force fantastique et réalité.

Si l’imaginaire permet parfois d’échapper à l’âpreté du quotidien, celui du jeune Conor O’Malley n’a rien d’un sympathique anesthésiant. Alors qu’il doit faire face à la maladie de sa mère, à la séparation de ses parents et à de multiples déboires scolaires, jaillit de sa fertile imagination un monstre d’écorce, gigantesque exutoire qui l’aidera, grâce à trois récits merveilleusement illustrés et contés, à faire face à une douloureuse réalité. Une force qui s’enracine logiquement dans la composition de Fernando Velasquez.

Une des grandes réussites de l'année

Amorcé dans Conor Wakes up / Main Title, entrevu dans Drawing, c’est logiquement dans le bien nommé The Monster Wakes up qu’éclate toute la puissance de ce géant de bois. Cuivres musclés et percussions fracassantes accompagnent chaque pas du colosse, le chœur, lui, gronde et annonce déjà l’orage, la tempête à venir. Cette ardeur éclabousse bon nombre de pistes et vient s’infiltrer dans deux des pièces maîtresses de l’album, The First Tale et The Second Tale, où se concentre le talent du compositeur. En quasi deux fois huit minutes, Velasquez dévoile sa large palette et construit une trame musicale passionnante à la réécoute.

Mais c’est ailleurs que l’âme de l’album vient se tapir. Se nourrissant de l’espoir et de l’attente de Conor, Home Alone / Dad Arrives est une emballante respiration, rythmée par les cordes et portée par le piano, la cellule émotive de cette composition. Jamais caricatural, l’instrument véhicule avec sincérité toute la sensibilité du garçon (Big Dreams, I Wish I Had a Hundred Years, Montage). Un mécanisme classique, certes, mais parfaitement maitrisé ici.

Conclu par un End Credits de toute beauté, regroupant les deux grands thèmes dans leur expression la plus complète, A Monster Calls est une des grandes réussites de l’année et une nouvelle preuve, s’il en fallait, du talent de Fernando Velasquez. Le joli titre, Tear up this Town, du groupe anglais Keane, ne viendra pas gâcher la fête, loin de là. Une chanson qui ne sort pas d’un chapeau et reprend la thématique du film, la recette est simple, surtout, elle fonctionne.

A Monster Calls, bande originale de Fernando Velasquez à retrouver en physique chez Backlot Music